La Nuit

De cinema-theatre
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La Nuit

La Nuit

La Nuit Zéro
Comme l’urgence aspirait les peurs érectiles, le foyer s’éteint. Les veines incandescentes fusionnant les brins amassés, le cœur dur craque. Autour s’émiettent les fils fins formant un tapis gris où oscillent encore les pensées folles. La cendre accompli de ternir les tiges recroquevillées. L’œil palpite en clignotant. Une pluie d’étoile tourbillonne…
Le monde dort. Electre érectile défaillit. Le néon fuit. Les câbles pendouillent. L’urgence s’essouffle. Le transport traîne. Le pont fléchi. Le tunnel assourdi. Les indications se contredisent. La trois dé moche. Le monde dort. Les dettes s’annulent. L’écriture s’efface. Les comptables consultent l’oracle ricanant. Le soleil tic-tac les causes. Le monde dort. Le crac boursier. Le cosmos s’évente (des panneaux oscillant s’entrechoquent). La faim dévore (les veines diffusent). Les gouttelettes mentales suintent.

La Nuit Un
Voilà la Nuit. La nuit, nous devenons les autres. Le secret rejaillit comme un ciel de cristaux aveuglant. Le sacrifice a lieu où chacun perd sa vie, son sens, sa parole, son pouvoir. Même le bruissement des feuilles et de graviers se fixe sur la toile des volontés. La paupière palpite pour faire couler le nœud d’un lien perdu desséché. Les ficelles célestes vont à l’horizon, évitant les reliefs des séismes anciens. Les astres tombant avec un filament vertical consolident la toile où s’agrippent les aléas de la vie clignotant. L’air liquide se glace comme un feu : le soleil de notre soleil est un soleil seul. Il doit y avoir d’autres étages plus haut et plus bas. Les pouvoirs tombent comme une pluie de vaches flasques empaillées. Les doigts des arbres écartèlent le tissu cotonneux et fragile pourtant patiemment relié qui rigole de chatouilles. La pousse à peine éclose titube déjà au vertige électoral du crâne débordant de signes. Le monde se concentre en un point : les feuilles, les caténaires, les poteaux, les antennes, les toits, les panneaux, les réverbères les échafaudages, les barrières et les moisissures convergent et regardent l’œil avec un intérêt central.

La Nuit Deux
L’échafaudage permet aux retardataires de récupérer leurs affaires négligemment délaissées dans l’antiquité égyptienne (Nuit englobant comme un Huit infini). Les agents de la circulation sifflent les moustiques et les limaces qui font en haut leur devoir pour l’honneur de la pourriture qui dégage une loi immonde béante qui vomit l’élection unanime érigée comme le totem vaseux en échelle-ascenseur à poulie tiré par les capricieux télévisuels riant en bas dans la chute criblée d’aiguillages inutiles.
Et l’illumination a lieu : tout ce monde s’échappe avec les cafards qui démangent les pieds. L’œil papillonne et l’oreille bourdonne. Le guerrier fantôme compte ses cheveux. La pupille compte les cils d’arbres géants. Et le cycle recommence...

Julien Stiegler, 21 décembre 2015