« Marcasse » : différence entre les versions
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J'ai passé six heures dans une mine des plus dangereuses, nommée Marcasse. Les ouvriers de cette mine sont des gens émaciés et pâles de fièvre, fatigués et usés, hâlés et vieux avant l'âge, les femmes sont blêmes et fanées... Il y a des chemins creux couverts de ronces, et de vieux arbres tordus avec leurs racines fantasques... | J'ai passé six heures dans une mine des plus dangereuses, nommée Marcasse. Les ouvriers de cette mine sont des gens émaciés et pâles de fièvre, fatigués et usés, hâlés et vieux avant l'âge, les femmes sont blêmes et fanées... Il y a des chemins creux couverts de ronces, et de vieux arbres tordus avec leurs racines fantasques... | ||
Dans les yeux, il y a quelque chose de plus que dans les cathédrales, même si elles sont majestueuses, et qu'elles en imposent. L'âme d'un homme, même si c'est un pauvre gueux, ou bien même une fille des rues, est bien plus intéressante, à mes yeux. Nous serons pauvres, et nous souffrirons la misère, aussi longtemps qu'il le faut, comme une ville assiégée qui n'entend pas capituler... Mon travail à moi, j'y risque ma vie. Et ma raison y sombre, à moitié... | Dans les yeux, il y a quelque chose de plus que dans les cathédrales, même si elles sont majestueuses, et qu'elles en imposent. L'âme d'un homme, même si c'est un pauvre gueux, ou bien même une fille des rues, est bien plus intéressante, à mes yeux. Nous serons pauvres, et nous souffrirons la misère, aussi longtemps qu'il le faut, comme une ville assiégée qui n'entend pas capituler... Mon travail à moi, j'y risque ma vie. Et ma raison y sombre, à moitié... | ||
Version du 4 novembre 2025 à 07:18
J'ai passé six heures dans une mine des plus dangereuses, nommée Marcasse. Les ouvriers de cette mine sont des gens émaciés et pâles de fièvre, fatigués et usés, hâlés et vieux avant l'âge, les femmes sont blêmes et fanées... Il y a des chemins creux couverts de ronces, et de vieux arbres tordus avec leurs racines fantasques...
Dans les yeux, il y a quelque chose de plus que dans les cathédrales, même si elles sont majestueuses, et qu'elles en imposent. L'âme d'un homme, même si c'est un pauvre gueux, ou bien même une fille des rues, est bien plus intéressante, à mes yeux. Nous serons pauvres, et nous souffrirons la misère, aussi longtemps qu'il le faut, comme une ville assiégée qui n'entend pas capituler... Mon travail à moi, j'y risque ma vie. Et ma raison y sombre, à moitié...
Par un beau jour de printemps, je vis arriver notre ami Vincent, richement vêtu. Nos yeux ne cessèrent de le contempler, mais, brulé du désir de sacrifice, il abandonne cette richesse et devient le pauvre, le pauvre, le pauvre d'entre les pauvres... Une épidémie de typhoïde ravage les misérables corons du Borinage. Il leur donne tous ses vêtements...
Van Gogh voulait rejoindre cet infini, pour lequel, dit-il, on s'embarque comme dans un train pour une étoile. Il allait vers les plus malheureux les blessés et les malades, il restait longtemps auprès d'eux. Il avait, il avait raison Van Gogh, on peut vivre pour l'infini, ne se satisfaire que d'infini...
Il y a assez d'infini, sur la terre et dans les sphères, pour rassasier mille grands génies...
Julien Stiegler, avril 2015 (d'après Van Gogh, Artaud, et un mineur Borain)